Contributeurs:
■ Marie Romani, Secrétaire Exécutive, MedPAN, Réseau des gestionnaires d’aires marines protégées en Méditerranée
■ Simon Mériaux, Manager accompagnement organisationnel, Fondation MAVA
■ Julien Semelin, ex-Manager, programme Méditerranée, Fondation MAVA

Marie, Simon et Julien ont travaillé ensemble sur le soutien organisationnel apporté par la MAVA à MedPAN entre 2016 et 2022. Marie s’est investie dans cette collaboration en tant que Secrétaire Exécutive de MedPAN. A la MAVA, Julien était Manager du plan d’action dont MedPAN faisait partie et Simon assurait le rôle de Manager accompagnement organisationnel.

Le réseau des gestionnaires d’aires marines protégées en Méditerranée (MedPAN) et la MAVA collaborent depuis 2011 ! Les financements de la MAVA à MedPAN ont concerné des activités spécifiques mais aussi une partie du budget de fonctionnement et ont atteint jusqu’à 50% du budget global du réseau. Dans ces conditions, la confirmation en 2016 de la fin des activités de financement de la fondation MAVA, annoncée pour fin 2022, a constitué un défi sérieux pour la durabilité de MedPAN.

Revenons sur la collaboration OD engagée entre MedPAN et la MAVA.

Marie Romani : en 2016, notre défi était de trouver des bailleurs intéressés à soutenir un réseau tel que MedPAN, comme l’a fait la MAVA. Appréhender un réseau et en comprendre ses enjeux, ses objectifs, sa mécanique et ses besoins n’est pas toujours facile.

Simon Mériaux : il est souvent plus facile de trouver des financements pour des activités que pour du fonctionnement… et soutenir un réseau d’acteurs peut rebuter certains bailleurs qui recherchent un impact direct et rapide. C’est avec ce défi du financement en tête que nous avons discuté d’un premier soutien organisationnel pour le MedPAN.

Marie Romani : nous avons orienté ce premier soutien OD autour, d’une part, de la stratégie d’action de MedPAN et, d’autre part de sa stratégie financière. Pour la nouvelle stratégie d’action (2019-2023 et au-delà), nous voulions une participation active des membres et partenaires pour réviser et enrichir cette nouvelle stratégie qui inclut les actions qui ont fait la force de MedPAN depuis le début, tout en évoluant pour répondre aux nouveaux enjeux des Aires Marines Protégées en Méditerranée et à l’international.

Simon Mériaux : le développement de la stratégie financière s’est fait de manière concomitante, en s’appuyant sur la participation des membres et partenaires du réseau.

Julien Semelin : en tant que bailleur, et connaissant très bien le contexte d’intervention du réseau et le paysage des acteurs, c’est dans une démarche constructive que nous avons été associés au développement de ces deux documents stratégiques.

Marie Romani : concrètement, la MAVA nous a donné les moyens financiers pour organiser les groupes de travail et l’implication des membres et partenaires, mais aussi pour bénéficier d’une expertise externe précieuse pour mener à bien ces réflexions ! Le Secrétariat et le Conseil d’Administration de MedPAN ont bénéficié d’un accompagnement au changement (« generative coaching »). Nous avons aussi été aidé par un expert des AMP et un expert sur la « théorie du changement ». Le processus a été très interactif et s’est basé sur un large panel de membres et de partenaires ! La collaboration entre le Secrétariat et le Conseil d’Administration a été renforcée ! Nous avons ainsi développé un document de stratégie pertinent, fondateur, clair et pouvant être évalué et révisé au cours du temps.

Concernant la stratégie financière, une analyse solide a été produite avec des approches comparées à court, moyen et long terme et le niveau de priorité à donner aux futures pistes de financement.

Simon Mériaux : ces deux documents marquent la fin de notre premier appui OD…

Marie Romani : oui, sur cette base, à MedPAN nous avons réfléchi à la suite à donner et à comment mettre en œuvre la stratégie financière. Nous avons beaucoup discuté avec la MAVA pour bien coordonner un nouvel appui OD et le financement de projets par la fondation.

Julien Semelin : en effet, nous voulions une réelle cohérence au sein de la MAVA pour bien coordonner le financement des projets d’une part et le soutien organisationnel au MedPAN d’autre part. Il s’agissait de jongler avec deux objectifs à priori contradictoires, à savoir de continuer à soutenir les activités de MedPAN pour un impact sur la conservation de la biodiversité marine en Méditerranée, tout en accompagnant le secrétariat à poursuivre sa mission après notre départ. Cette approche concertée est une clef de la réussite !

Marie Romani : de nos discussions est ressorti qu’un nouvel accompagnement de la MAVA, avec la mise à disposition d’un pool d’experts, permettrait la définition d’un plan d’action pour cibler et approcher de nouveaux bailleurs et les convaincre de soutenir MedPAN, la mise en place d’un fonds de réserve et enfin un nouveau site internet comme vitrine du réseau. Nous avons aussi développé un « plan de transition » qui a permis de détailler les défis à relever en matière de durabilité financière, en matière d’organisation de l’équipe du Secrétariat et en termes de gouvernance également.

Simon Mériaux : il s’agissait de doter MedPAN d’outils appropriés (business plan, liste de bailleurs prioritaires, charte éthique de levée de fonds, concept notes pour présenter les axes de travail de MedPAN…) et des moyens de mise en œuvre pour une recherche de fonds efficace.

Marie Romani : nous avons bénéficié de ressources humaines supplémentaires pour aider le Secrétariat à faire face à cette période de transition et bénéficié d’expertise externe en matière de montage de projets spécifiques, de réflexion sur l’évolution de la gouvernance et du Secrétariat, de la faisabilité d’un fonds fiduciaire etc.

Cet appui OD a permis d’enclencher une nouvelle dynamique et une réflexion sur le financement de MedPAN avec une perspective à long terme tout en adaptant notre approche projet et en diversifiant notre levée de fonds.

Simon Mériaux : et cela a donné de bons résultats !

Marie Romani : effectivement ! MedPAN bénéficie aujourd’hui du soutien de nouveaux bailleurs publics et privés avec des perspectives de pérennisation de ce soutien. Il s’agit notamment du Global Environmental Facility (GEF), du Sigrid Rausing Trust et du LIFE NGO Operating Grant européen.

Des évolutions sont encore en cours avec un renforcement du Secrétariat et une réflexion sur la gouvernance du MedPAN et sur un futur fonds fiduciaire.

Simon Mériaux : nous avons su faire évoluer nos appuis pour répondre à l’évolution des besoins du MedPAN.

Marie Romani : Tout à fait ! L’OD a été un outil de financement souple et facile d’utilisation avec un système de reporting léger et un focus pouvant évoluer pour s’adapter en cours de route aux besoins émergents de notre organisation.

Le dialogue permanent entre l’équipe et le Conseil d’Administration de MedPAN avec l’équipe de la MAVA (OD et programme) a été très fructueux. De plus, nous avons bénéficié de l’expérience de soutien OD que la MAVA a développé avec de nombreux autres partenaires.

Julien Semelin : Il semble qu’un des facteurs de succès ait été de commencer cette transition bien en avance, quasiment six ans avant la fin des financements MAVA. Nous avons vu que pour engager de tels changements, il faut du temps pour que les décisions soient acceptées et traduites en actions concrètes. Quels autres enseignements retiens-tu de cette collaboration ?

Marie Romani : Le financement des aspects organisationnels permet de créer un lien très étroit entre le bénéficiaire et le bailleur car les questions centrales de l’évolution de l’organisation bénéficiaire sont abordées. Le dialogue et la compréhension mutuelle des enjeux sont essentiels pour assurer cette collaboration.

La valeur ajoutée d’un soutien organisationnel par rapport à un soutien de fonctionnement ou de projet plus classique est de pouvoir ouvrir la vision, aborder les problématiques, répondre aux besoins émergents et aux défis qui sont au centre de l’organisation.

Aujourd’hui MedPAN est bien outillé et positionné pour co-construire, avec ses partenaires et les bailleurs publics et privés, les stratégies de financement des actions prioritaires à mettre en œuvre au service des AMP en Méditerranée.