Par Holger Schmid, Directeur, Programme Economie Durable
Obtenir des résultats durables et lancer des nouveaux projets. Une contradiction ?
Eu égard à la fermeture de la MAVA, nous avons accordé beaucoup d’attention à la question de la durabilité des résultats obtenus sur le terrain et des finances de nos organisations partenairesaprès 2022. Les financements en faveur de la conservation et de l’environnement étant en stagnation ces dernières années, c’est ce deuxième sujet qui nous pose un véritable défi.
Pour tenter d’y remédier, nous avons affiné l’orientation thématique de la fondation, élaboré des plans de retrait et des scénarios de transition, soutenus par une unité nouvellement créée en vue de favoriser impact et durabilité, dotée du personnel et des ressources appropriées. Parallèlement, nous avons décidé de soutenir une nouvelle initiative sur une durée de 5 ans traitant de l’économie circulaire en Chine, une géographie et une culture qui ne sont pas familières à la MAVA. Cela semble paradoxal, mais est-ce une contradiction ?
Saisir les nouvelles opportunités
La philanthropie peut aider à initier, faire accélérer et/ou influencer une question particulière. En tant que tel, le développement d’une stratégie consiste en grande partie à identifier et à saisir des opportunités, ou même à créer ces opportunités, bien que cela est moins fréquent.
L’organisation sociétale et son développement, ainsi que le type de système politique et la dynamique économique, ont tous une influence sur l’émergence ou non de ces opportunités ainsi que sur leur ouverture à une participation extérieure.
En termes plus simple, je dirais qu’en Europe, les nouvelles opportunités sont plus prévisibles et prennent beaucoup de temps à être développées, alors qu’en Chine les opportunités sont moins prévisibles, mais peuvent être mises en œuvre dans un laps de temps très court, apportant ainsi des innovations rapidement. Une initiative concernant l’économie circulaire pourrait justement être développée durant un tel laps de temps.
La décision de travailler en Chine signifie donc de troquer prévisibilité contre changement rapide et à grande échelle. La probabilité globale d’obtenir un impact dans un délai de cinq ans pourrait donc être considérée comme similaire en Europe et en Chine.
Cela demande de la confiance … et représente un acte de foi
La répartition des financements est généralement basée sur une bonne connaissance du contexte et une diligence raisonnable spécifique au projet. Pour une initiative nouvelle, lancée sur une durée limitée et dans un environnement inconnu, tout le travail à effectuer afin de comprendre le contexte, la culture et les connaissances spécifiques au pays représente un gros investissement en temps et en ressources.
Le fait d’opter pour un modèle de partenaire unique au lieu d’une collaboration est une proposition qui tient la route. Lorsque l’on décide de travailler avec un partenaire, le choix se base sur son excellente réputation, ses relations de travail fiables et son engagement à long terme sur la question, ainsi que sur son accès à des partenaires locaux appropriés dans le pays. Après des années de collaboration en Europe, la Fondation Ellen MacArthur remplit tous ces critères.
Travailler avec un partenaire de confiance n’élimine pas toutes les incertitudes, il faut néanmoins un acte de foi, mais nous restons enthousiastes et n’avons pas peur. Nous sommes convaincus que nous avons choisi un moment opportun et que, au cours des cinq prochaines années, nous pourrons partager notre enthousiasme et obtenir un soutien pour une initiative durable.
Si elle est menée avec le bon partenaire, au bon moment et avec des ressources suffisantes, nous pensons que toute nouvelle initiative peut avoir sa place même lorsqu’une fondation a décidé de tirer sa révérence.