Par Lynda Mansson, Directrice générale, MAVA

Je me souviens de ce moment : nous étions au printemps 2010. Après un processus de recrutement intense, on me proposait le poste de Directrice générale de la Fondation MAVA – le travail de mes rêves. J’avais là une occasion en or de pouvoir faire une différence sur des questions qui m’étaient chères ! J’avais un vrai champ d’action pour avoir un impact en matière de conservation. J’avais le privilège de pouvoir travailler avec une équipe et un conseil de fondation excellents… Quelle chance !

J’ai quasiment accepté l’offre sur le moment, mais il y avait un hic. Le fondateur de la MAVA, Luc Hoffmann, m’a fait asseoir en face de lui : il voulait être sûr que j’avais bien compris que la Fondation cesserait d’exister en 2022. Étais-je toujours intéressée par le poste, malgré cette limite ? Instinctivement, j’ai eu envie de rire – pour être franche, j’ai souvent cet instinct. 2022 me semblait tellement lointain, c’était une vie – bien sûr que j’acceptais le poste ! Qui refuserait ?

Aujourd’hui, après bientôt huit ans à la tête de la Fondation, 2022 ne semble plus aussi loin. En fait, 2022 semble même se rapprocher de plus en plus vite… Même si cette date finale a toujours été là, planifiée depuis le début par Luc, et qu’elle n’a jamais été un secret pour personne, nous ne communiquions pas vraiment proactivement à son sujet. Les quelques fois où je mentionnais notre clôture à nos partenaires, la réaction était plutôt dubitative qu’autre chose.

Il y a plusieurs années, après avoir confirmé l’intention originale de fermer la Fondation, le conseil de la MAVA a souhaité que nous commencions à planifier et à communiquer plus explicitement sur le futur de la MAVA. Aujourd’hui, même si quelques personnes ont encore du mal à nous croire, le message est largement passé et compris. Notre objectif est de planifier notre transition afin de baisser le rideau aussi élégamment que possible, nos partenaires étant pleinement informés et préparés face à notre départ.

L’une des premières questions que l’on nous pose à chaque fois est : pourquoi fermer ? La réponse est complexe et simple à la fois : c’est ce que notre fondateur avait décidé. Pour comprendre cela, revenons au moment de la création de la MAVA. Luc voulait créer un instrument par lequel gérer ses intérêts philanthropiques. Conservationniste passionné, il a transmis son enthousiasme à d’autres membres de sa famille, dont la plupart sont impliqués dans la gouvernance de la MAVA.

Cependant, il reconnaissait aussi qu’une fondation familiale doit être alimentée par la passion des membres d’une famille, et ne pas simplement porter la tradition du fondateur. Il existe de nombreuses méthodes pour gérer le passage aux générations postérieures dans une fondation familiale. Le choix, dans le cas de la MAVA, a été que les membres de la famille associent leur intérêt dans la conservation à d’autres passions comme la littérature et l’art. Leurs intérêts sont profonds et variés, au-delà de la seule conservation. La clôture de la MAVA recentrera la philanthropie familiale sur les autres fondations de la famille Hoffmann. Certains intérêts de la famille peuvent être une extension de l’intérêt de Luc, mais d’autres seront certainement différents, et une structure différente donnera plus d’espace à chaque membre pour poursuivre ses passions. La structure juridique de la MAVA – que nous ne pouvons pas changer – ne nous permet pas d’élargir ce champ d’action.

Nous nous sommes donc focalisés sur la sécurisation de l’héritage des activités de la fondation au cours de ces 25 dernières années, en obtenant des succès importants en matière de conservation d’ici à 2022 et en garantissant un héritage durable, par le biais d’une communauté de la conservation forte et active.

Par ailleurs, il est également essentiel de comprendre comment la MAVA est financée. À la différence de nombreuses fondations, qui sont capitalisées et vivent de l’argent gagné par un fonds de dotation, le financement de la MAVA vient d’un intérêt bénéficiaire dans des actions Roche, possédées par Luc et désormais par ses enfants. Au moment de la déclaration des dividendes, le revenu est donc transféré directement à la MAVA. Cet accord a été mis en place jusqu’en… – devinez – 2022, date à partir de laquelle la MAVA n’aura plus de revenus. Cela rend le processus de fermeture plus simple que d’avoir à fermer progressivement un fonds de dotation, et est conforme avec la planification précoce imaginée par notre fondateur visionnaire. C’est un moment parfait pour repenser les intérêts philanthropiques de la famille.

La MAVA a soutenu de nombreux partenaires pendant toutes ces années, et a joué un rôle crucial dans de nombreuses réalisations majeures en matière de conservation. Nous pouvons être fiers de ce que nous avons accompli. Notre attention pour les années qui restent est de veiller à ce que l’immense travail que nous avons soutenu toutes ces années continue au-delà de 2022. Toutes les mesures que nous prenons à cet égard seront le sujet d’un autre article du blog. Entretemps, nous travaillons avec dévouement et attention pour garantir le succès continu de nos partenaires.

Soyez assurés que nous tirerons notre révérence avec élégance et que nous aurons de quoi nous réjouir.