By Cecilia Gas, Stagiaire, Fondation MAVA

Soutenir des projets de conservation de l’environnement dans des pays politiquement instables peut ne pas apparaître comme un pari très sûr pour un bailleur : pourtant, en travaillant avec des partenaires dynamiques et capables, ces projets peuvent avoir des résultats extrêmement percutants et gratifiants.

Cela ne fait pas très longtemps que j’ai commencé à travailler à la MAVA. Rapidement, j’ai été très occupée par la fermeture administrative de nombreux projets de toutes sortes. J’ai ainsi découvert des projets sur les raies mantas en Palestine, les lynxes en Espagne, les zones humides en Croatie, les aires protégées en Suisse, l’économie circulaire, bleue, verte… La diversité des projets semblait sans fin, tout comme mon apprentissage constant.

Cet exercice m’a appris à comprendre le fonctionnement de la Fondation, le type de projets que nous soutenons, certaines des difficultés que nous affrontons. Mais surtout, cela m’a aidé à identifier certains enseignements.

Un de ces enseignements que j’aimerais partager avec vous aujourd’hui concerne l’importance de soutenir des projets dans des pays politiquement instables.

Vous vous demandez peut-être : pourquoi financer des projets dans des pays instables alors que des objectifs de conservation pourraient être atteints plus facilement dans un pays stable ?

Il est vrai que, en général, les pays politiquement ou socialement instables ne reçoivent pas beaucoup de financement en soutien de la conservation – mais cela ne signifie pas qu’ils sont moins importants ! Souvent, les donateurs craignent d’investir dans ces pays par prudence, préférant des paris plus sûrs, ou ils ne réalisent pas l’impact que ces projets peuvent avoir malgré le contexte local difficile. Notre expérience révèle que, au contraire, le financement de petites et moyennes ONG de la conservation est essentiel pour assurer des résultats viables en matière de conservation et maintenir la société civile active dans des périodes troubles.

Pour cela, il convient de prendre en compte certains aspects :

S’attendre à des délais

L’instabilité politique peut facilement retarder les résultats d’un projet. Certaines activités devront peut-être être annulées pour des raisons de sécurité, et des alternatives devront être prévues. Il est important de rester flexible et de s’adapter à des circonstances imprévues.

La perception compte

Lorsque l’on travaille dans un pays politiquement instable, il est important de travailler avec un partenaire reconnu et respecté au niveau national. À plusieurs occasions, l’image de nos partenaires s’est avérée un outil essentiel pour négocier avec les institutions gouvernementales et réaliser des avancées prometteuses.

Travailler avec des partenaires dynamiques

Des partenaires dynamiques et capables peuvent obtenir de bons résultats quelle que soit la situation politique du pays. Avec certains de nos partenaires, nous avons pu réaliser nos projets dans des pays ou des zones comme la Libye, la région nord de Chypre et Gaza. La situation politique n’était pas un handicap pour que nos partenaires actifs accomplissent avec succès leur mission.

Donnez-leur une chance !

Les pays instables suspendent souvent leur travail de conservation du fait d’un manque de ressources. Soutenir des projets dans ces pays peut mener à des résultats prometteurs, et être un signe d’espoir pour nombre d’entre eux. Israël, la Palestine et la Jordanie se sont par exemple unis pour protéger leurs champs agricoles des rongeurs d’une manière écologique en utilisant la chouette effraie (Tyto alba). À Gaza, un groupe engagé de scientifiques a obtenu des résultats scientifiques extraordinaires en suivant et en collectant des informations sur les raies mantas géantes. Dans la région nord de Chypre, une zone stable mais où le financement fait défaut à cause de la situation politique, notre partenaire a réussi à protéger les sites de ponte des tortues de mer.

Soutenir des pays instables peut présenter des risques, mais les résultats peuvent être significatifs. Malgré certains retards, la plupart de nos projets dans des pays touchés par des conflits ont atteint leurs objectifs de conservation – un gage d’espoir pour les efforts en faveur de la conservation dans une région, et pour la société civile qui se bat tous les jours pour continuer à avancer.