Par Jérôme Pellet, Manager, Programme Suisse
Notre défunt fondateur, Luc Hoffmann, s’était installé dans un petit village suisse, au pied de la chaine jurassienne, dans le canton de Vaud. Proche d’une nature sauvage et dans un paysage de rêve avec vue sur les contreforts de l’arc alpin. C’est d’ailleurs dans sa maison que le siège de la fondation se trouvait jusqu’à son déménagement dans ses locaux actuels à Gland, aux côtés de l’IUCN. Pour le personnel de la fondation, comme pour les enfants de Luc, le canton de Vaud représente donc notre maison, notre jardin.
La Suisse véhicule souvent une image de carte postale, entre prairies fleuries et sommets enneigés. La réalité est toutefois plus sombre. Les milieux naturels et les communautés d’espèces sont parmi les plus menacés de tous les pays de l’OCDE. Il est aujourd’hui clair que les objectifs de la convention sur la biodiversité ne seront pas atteints sans un profond changement de paradigme et de vitesse d’investissement dans le capital naturel.
Naissance de la feuille de route…
Face à ce constat, la fondation a choisi de concentrer une partie de son activité dans le canton de Vaud, un petit territoire de 3’000 km2, en y appliquant un plan d’action spécifique. Notre ambition est de restaurer une infrastructure écologique mise à mal par la pression démographique et les activités anthropiques modernes.
Dans un premier temps, nous avons cherché à réunir tous les partenaires potentiels de ce plan d’action: administrations publiques, parcs naturels régionaux, et ONG de portée nationale ou régionale. Lors de la première rencontre, une dizaine d’institutions ont répondu à l’appel de la fondation. Une première surprise nous attendait. Bien qu’actives dans périmètre commun, la plupart de ces institutions ne collaboraient pas entre elles, ou alors seulement de manière bilatérale et ponctuelle. Certains acteurs se rencontraient même pour la première fois! Il a donc fallu multiplier les rencontres, formelles et informelles, pour que naisse une feuille de route matérialisant le plan d’action.
…et d’une plateforme régionale
Cela fait maintenant plus d’un an que cette première rencontre a eu lieu. La semaine passée, la plateforme Nature vaudoise s’est réunie pour la 7ème fois. Ses membres pilotent près d’une dizaine de projets, certains seuls, mais la plupart en équipe. Les liens se tissent, les échanges se multiplient, un réseau voit lentement le jour. Un regard rétrospectif nous renseigne sur les facteurs qui ont contribué à la naissance de cette plateforme:
- elle est composée de personnes clés enthousiastes et disposées à mettre en œuvre des idées audacieuses;
- la fondation MAVA a joué un rôle clé de rassembleur neutre sans lequel il aurait été difficile d’initier les coopérations;
- c’est une structure flexible qui permet de mettre rapidement en place des actions coordonnées entre partenaires;
- les partenaires évoluent dans un climat de confiance, de transparence et de réciprocité horizontale.
Le proverbe africain nous apprend « Si tu veux aller vite, vas-y seul; mais si tu veux aller loin alors allons-y ensemble ». Ce qui est vrai en Afrique, l’est au moins autant dans le petit canton de Vaud. Et c’est en suivant cet adage que nous persévérerons jusqu’en 2022 pour laisser un héritage institutionnel durable dans la région d’adoption de notre fondateur.