Par Simon Mériaux, Manager, Développement Organisationnel

La MAVA et la Fondation PeaceNexus, qui appuie des acteurs clés de la consolidation de la paix, ont en commun de travailler sur l’accompagnement organisationnel de leurs partenaires. Pour cela, les deux fondations ont recours à des « accompagnants », des experts indépendants qui accompagnent les processus de renforcement des organisations bénéficiaires. Sur la base de cette convergence méthodologique, les deux fondations ont organisé un atelier de partage, sur l’Ile de Gorée au Sénégal, en novembre 2017, afin de rassembler des experts de l’accompagnement des ONG en Afrique de l’Ouest. Cet atelier, abrité par le Gorée Institute a permis la rencontre d’une douzaine d’experts venant du Sénégal, du Togo, du Burkina Faso et du Niger. Les échanges ont porté sur les enjeux propres de la société civile en Afrique de l’Ouest avant de se focaliser sur les pratiques d’accompagnement des participants.

Cet atelier a donné lieu à un rapport collectif mettant en lumière les enseignements principaux de cette rencontre. Des leçons clés autour des différents rôles que les accompagnants sont amenés à jouer en soutien aux organisations sont notamment ressorties des échanges et sont synthétisées ci-dessous.

La question du rôle (ou de la posture) de l’accompagnant est une question essentielle : les accompagnants ont souvent le mandat de jouer un rôle prédéterminé (souvent par un bailleur), qui ne correspond pas forcément à celui attendu par l’organisation, ni même à celui que l’accompagnant préfèrerait endosser ! Des discussions basées sur la typologie des neuf rôles de l’accompagnant, développée par Douglas P. Champion, David H. Kiel et Jean A. McLendon en 1990 (coach, mentor, partenaire, facilitateur, enseignant/formateur, modèle, observateur réflectif, expert technique et expert « hands-on »), il ressort que :

  • Si les accompagnants assument par défaut le rôle de facilitateur, de coach ou de mentor, ils sont essentiellement attendus comme expert technique par les organisations. Face à ce décalage marqué il revient aux accompagnants de préciser clairement leur rôle et de « fixer des limites »
  • Les processus efficaces sont ceux où le rôle d’accompagnant peut évoluer, de façon intentionnelle et de concert avec l’organisation accompagnée, en fonction des besoins. Par exemple, une trajectoire démarrant par un rôle d’observateur réflectif (phase de diagnostic), puis oscillant entre facilitateur, coach et formateur, pour finir en démarche réellement partenariale.

La relation triangulaire entre l’organisation, l’accompagnant et l’organisation mandataire (bailleur) apparaît comme un enjeu clé. Les termes de référence publiés initialement correspondent rarement à la réalité des besoins et traduisent souvent une divergence entre les attentes de l’organisation accompagnée et celles du mandataire. Dans ces conditions, des réunions régulières pour repréciser les termes de référence entre toutes les parties, peuvent être une solution.

Cette relation triangulaire met les accompagnants face à des questions délicates en matière de redevabilité, notamment s’agissant du partage d’information entre les différentes parties. Bien qu’ils soient souvent contractés directement par le mandataire, les accompagnants considèrent qu’ils « appartiennent » avant tout aux organisations qu’ils accompagnent dans leur changement. Dès lors, bien qu’un partage soutenu d’information vis-à-vis du mandataire puisse dissiper certains malentendus, il peut également donner lieu à un sentiment de surveillance (voire d’espionnage) et affecter la capacité de l’organisation à nouer une relation de confiance avec son accompagnant et à prendre ses propres décisions. L’accompagnant peut alors jouer un « rôle tampon » en aidant les organisations à articuler leurs positions vis-à-vis de leurs partenaires, rôle parfois facilité par l’existence de conventions tripartites. A la Fondation MAVA, lorsque cela est possible, nous préférons que l’organisation recrute et contracte directement « son » accompagnant. Cela permet d’assurer une réelle relation de confiance entre l’organisation et « son accompagnant » … indispensable pour le succès de leur relation. Contactez-moi si vous êtes intéressé par ces questions !