Par Luis Costa and Julien Sémelin, Programme Méditerranée de la MAVA

Notre monde change vite, et il en va de même pour les menaces qui affectent les ressources naturelles et la biodiversité. Pour faire face à ce challenge, nous avons développé 25 plans d’actions pour diriger nos financements jusqu’en 2022. Ces plans d’actions ne sont toutefois pas gravés dans le marbre et nous devons trouver le moyen de rester adaptifs et flexibles.

C’est pour cette raison que nous avons constitué des comités de pilotage pour chaque plan d’action, constitués des partenaires qui mettent en œuvre les projets que nous finançons. Chaque réunion de comité est un espace d’échange d’information et de discussion. Les partenaires peuvent ainsi évaluer les résultats atteints et imaginer des stratégies en commun. Ils gagnent ainsi en efficacité et en durabilité, tout en restant attentifs aux changements de contexte.

Après une année de fonctionnement, ces comités se sont réunis à plusieurs reprises et nous pouvons déjà tirer quelques enseignements.

Ils sont des éléments essentiels de gestion adaptative

Dans la perspective de la fin de nos financements à 2022, nous accordons une importance toute particulière à l’atteinte de résultats tangibles, et les projets que nous soutenons nécessitent un maximum de coordination. Lors de ces comités, les partenaires sont invités à évaluer les progrès réalisés par leurs organisations, ainsi que l’impact collectif de leurs actions. Un processus de gestion adaptative parfois complexe, qui nécessite du temps et de l’accompagnement pour être totalement adopté par nos partenaires. De plus, les comités ont pris une position centrale dans le processus et il faut veiller à inclure un regard extérieur dans les discussions pour éviter le fameux « juge et partie ».

Un outil durable avec des perspectives à long terme

Outre la réponse à nos besoins de gestion adaptative, ces comités sont en train de construire des partenariats solides pour atteindre des objectifs communs. Le simple fait que cette communauté de partenaires soit renforcée en travaillant ensemble est déjà une grande victoire. Dans certains cas, il ne s’agit plus uniquement de comités de suivi de projets, mais de véritables communautés de partenaires qui partagent la même philosophie.

Il faut cependant être réaliste, ce ne seront pas 25 communautés qui vont perdurer après la fin des financements de notre fondation. Certains comités se sont mis en place sur la base de collaborations existantes, alors que d’autres ont été créés spécialement pour nos plans d’actions. Si bâtir sur de l’existant est souvent un critère de durabilité, ce n’est pas non plus la règle. En effet, certaines de ces coalitions devront aussi se réinventer pour faire face à la fin de nos financements, alors que d’un autre côté, nous voyons également certaines « nouvelles » communautés prendre un envol prometteur.

Alors comment assurer la poursuite de ces collaborations à long terme, leur continuité après la fin des projets MAVA ? Nous avons déjà identifié certains ingrédients à mesure que nous avançons : la nécessité de partager une vision à long terme, une appropriation des challenges et une coordination saine et solide.

Un changement de positionnement pour notre fondation

Ces comités de pilotage témoignent aussi de changements importants qui sont en cours à notre niveau. Nous avons joué un rôle moteur pour les mettre en place, mais peu à peu nous délaissons la chaise de pilote pour nous assoir plutôt aux côtés de nos partenaires.

En effet, nous allons compter sur ces comités pour évaluer les résultats atteints lors de ce premier cycle de projets, et ainsi construire le dernier cycle 2020-2022. Ce dernier cycle sera différent. Nos partenaires auront pris les commandes et compteront sur la MAVA comme membre de l’équipage pour les accompagner et les soutenir. Nous devrons être de moins en moins « chairman » et de plus en plus « partenaire », afin de trouver ensemble des solutions aux challenges posés par ces plans d’action.

Après seulement un an, ce changement est déjà perceptible dans certains comités. Tout comme le monde extérieur, nos partenaires vont vite, ce qui est plutôt rassurant.