Salla Ba, Luis Costa, Paule Gros and Charlotte Karibuhoye Said
Le travail de MAVA au fil des ans a couvert une variété de géographies, d’espèces et d’écosystèmes, en utilisant différentes approches et en impliquant un certain nombre de parties prenantes issues de divers secteurs et milieux. Cet ensemble de données offre une occasion rare et précieuse d’extraire des leçons factuelles sur la conservation.
Quelles stratégies ont donné des résultats et lesquelles ont moins bien fonctionné ? La recherche améliore-t-elle les pratiques de conservation ? Les personnes qui ont participé à des formations mettent-elles en œuvre de meilleures stratégies et pratiques ? Le travail en partenariat conduit-il à un meilleur impact ? Un financement flexible permet-il aux organisations d’être plus stratégiques et résilientes ? De telles questions font partie des défis des projets et programmes de conservation, et MAVA souhaite contribuer à trouver des réponses qui pourraient être partagées avec la communauté de la conservation.
Pour ce faire, la fondation a chargé Foundations of Success et Conservation Evidence d’enquêter et le résultat de cet effort collectif est désormais disponible sur le site Web du Conservation Learning Initiative website.. L’Initiative présente les conclusions du travail analytique réalisé sur les thèmes du renforcement des capacités, des partenariats et des alliances, de la recherche et du suivi, et du financement flexible.
MAVA publie des blogs pour mettre en évidence les résultats de ces thèmes dans le cadre des résultats d’apprentissage de cet important travail. Celui-ci fait suite au blog sur la recherche et le suivi ; d’autres sur les partenariats et alliances et le financement flexible suivront. Nous espérons que ces enseignements nourriront le travail de nos collègues praticiens de la philanthropie et de la conservation.
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MAVA s’est donné pour mission d’accompagner ses partenaires sur le chemin de la conservation au-delà du simple financement, notamment en les aidant à développer les compétences dont ils ont besoin et en renforçant leur capacité d’action, en respectant la culture locale. Une communauté de conservation compétente et dynamique est un pilier important de l’héritage que la fondation souhaite laisser après sa fermeture.
Il est aujourd’hui largement reconnu que toute solution durable aux défis de la conservation doit être ancrée localement. L’appropriation nécessite l’existence de personnes et d’institutions locales disposant des informations, des compétences, de l’expérience et des ressources nécessaires pour aborder les problèmes de manière adéquate. Une autre question brûlante est la nécessité d’accélérer l’impact de la conservation dans le monde entier, ce qui exige d’intensifier le transfert de solutions techniques et de savoir-faire éprouvés. C’est pourquoi nous soutenons un certain nombre d’initiatives et de programmes de conservation mettant en œuvre des actions de renforcement des capacités destinées aux individus et/ou aux organisations.
Ceci était particulièrement important lors de la dernière phase de l’activité MAVA, puisque nous avons décidé d’investir dans la capacité et la durabilité de nos partenaires ainsi que dans leur action de conservation, alors que notre financement arrive à son terme.
Le moment est venu de réfléchir à cet investissement dans le renforcement des capacités et nous l’avons fait à travers la Conservation Learning initiative en répondant à certaines questions clés sur son impact :
1.Les personnes formées mettent-elles en œuvre de meilleures stratégies et pratiques ?
2.Les personnes formées appliquent-elles leurs compétences dans leur travail ?
3.Quels déficits de compétences les organisations de conservation identifient-elles généralement ?
4.Les personnes formées restent-elles au sein de leur organisation afin de pouvoir mettre à profit leurs compétences dans les pratiques et actions pertinentes ?
Un aspect essentiel du renforcement des capacités est le changement qui est censé se produire non seulement au niveau des connaissances, mais surtout au niveau des mentalités et des pratiques au fil du temps. Ainsi, la question épineuse qui se pose est de savoir si les formations et autres actions de renforcement des capacités conduisent à un impact tangible dans la pratique de la conservation.
Les personnes formées mettent-elles en œuvre de meilleures stratégies ou pratiques que les personnes non formées ?
Les résultats basés sur le portefeuille de projets financés par MAVA confirment que la formation conduit souvent à une amélioration des pratiques, bien que le succès des interventions de formation puisse varier considérablement d’un cas à l’autre. Une formation bien conçue se traduit par une action plus efficace à différents niveaux, des individus aux équipes en passant par les organisations entières. Dans l’ensemble, il convient de noter que l’évaluation formelle de l’impact des interventions de formation fait souvent défaut. Toutefois, les données tirées de la littérature publiée montrent que d’énormes progrès ont été réalisés dans la compréhension de la manière de concevoir et de dispenser efficacement des interventions de formation et de mesurer avec précision leur impact.
Les personnes formées appliquent-elles leurs compétences dans leur travail ? Si non, pourquoi ?
Les résultats des projets financés par MAVA montrent que les personnes formées appliquent souvent les compétences acquises dans leur travail. Les conclusions de décennies de recherche sur la formation suggèrent que la mise en pratique de l’apprentissage dépend de plusieurs facteurs, notamment le profil des personnes formées, l’environnement de travail et la qualité des programmes de formation.
Pour avoir une vision claire de l’influence de ces facteurs, il faudrait évaluer la proportion de personnel formé qui utilise les compétences, évaluer comment les conditions avant, pendant et après la formation ont contribué à permettre l’application des nouvelles compétences et évaluer si les objectifs des interventions de formation ont été atteints. Dans tous les cas, pour mesurer l’impact de la formation, il est important de déterminer des objectifs clairs de l’apprentissage et de définir des mesures concrètes pour évaluer les résultats de l’apprentissage.
Chez MAVA, nous avons soutenu le concept d’apprentissage par la pratique en finançant un certain nombre de programmes de petites subventions tels que le Fonds de partenariat pour les écosystèmes critiques et les programmes d’initiatives de petites subventions du FFEM en Afrique de l’Ouest et en Méditerranée. Dans le cadre de ces programmes, les ONG émergentes sont accompagnées de près par du personnel spécialisé alors qu’elles mettent en œuvre leurs premiers projets, développant leurs compétences organisationnelles et techniques en cours de route – un exemple clair des personnes soutenues qui appliquent leurs compétences dans leur travail et mettent en œuvre de meilleures stratégies et pratiques.
Un autre aspect important à prendre en compte est que, parfois, nos partenaires assurent eux-mêmes le renforcement des capacités. En effet, la formation des organisations de la société civile et des agences gouvernementales est l’un des principaux objectifs des réseaux régionaux de praticiens et des grandes ONG internationales. Par conséquent, la formation des principaux fournisseurs de capacités dans ces organisations peut avoir un effet d’entraînement considérable sur l’efficacité du renforcement des capacités dans la région que nous finançons. Un point connexe est de souligner que, dans certains cas, les organisations partenaires choisissent de développer des modules de renforcement des capacités inspirés de la formation qu’elles ont reçue de MAVA. Un cas récent est le Mentoring for Effective Nature Conservation geré par EuroNatur, grâce auquel notre effort pour développer le leadership dans la communauté de la conservation en Méditerranée survivra à la fermeture de nos fondations.
Quels déficits de compétences les organisations de conservation identifient-elles généralement ?
L’étude a révélé que les bénéficiaires de subventions MAVA investissent dans la formation d’une série de publics différents, en ciblant une diversité de sujets. Les principaux sujets d’apprentissage étaient la gestion ou la conservation des écosystèmes et de la biodiversité, les méthodes et outils de suivi et le changement climatique. Les principaux publics cibles sont les gestionnaires et le personnel des zones protégées, les ONG environnementales et les organisations de la société civile ou les organisations communautaires.
D’après les éléments disponibles, il n’est pas évident de savoir dans quelle mesure ces investissements ont permis de combler les lacunes précédemment identifiées en matière de capacités des individus et de leurs organisations. Les sujets choisis étaient évidemment perçus comme très pertinents pour le public identifié ; cependant, les résultats de cette étude soulignent l’importance d’une analyse préalable des besoins de formation, qui peut fournir une occasion d’améliorer l’adéquation et donc l’efficacité des interventions de formation.
Les exemples tirés de notre expérience au sein de MAVA montrent l’importance cruciale d’adopter une approche adaptée lors de la conception et de la mise en œuvre d’actions de renforcement des capacités. En collaboration avec Common Purpose et Mowgli Mentoring, nous avons mis en place un programme de leadership, la MAVA Leaders for Nature Academy, afin de développer les compétences de leadership et la résilience personnelle de nos partenaires. Avant de lancer le programme, un travail de préparation approfondi a été effectué pour identifier et comprendre les besoins avant de concevoir le contenu du programme de formation.
Au niveau organisationnel, nous avons soutenu une vingtaine d’organisations partenaires directement par le biais du développement organisationnel (DO), et indirectement en finançant des organisations pour qu’elles fournissent un soutien DO à un plus grand nombre de partenaires. Un exemple de ce dernier point est le programme de renforcement des capacités Hatch de BirdLife International, qui cible les partenaires de BirdLife en Afrique et en Méditerranée. Dans le cas de HATCH, une évaluation préliminaire a permis à chacun des partenaires sélectionnés de déterminer le type de soutien dont ils avaient besoin.
Un autre bon exemple d’intervention de renforcement des capacités sur mesure est le programme de formation mis en œuvre par l’un de nos partenaires, l’UICN PAPACO, avec une approche qui associe une formation sur site de type Master et diplôme universitaire à une formation en ligne de type MOOC et Essentiels Training ciblant des publics distincts ayant des besoins spécifiques et différents.
Les personnes formées restent-elles dans leur organisation ou dans le secteur ?
Enfin, sur la base des preuves disponibles dans le portefeuille de projets MAVA et dans la littérature plus large, il n’a pas été possible de conclure si les personnes formées sont susceptibles de rester dans leur organisation ou non. Ces dernières années, nous avons assisté à une rotation très visible dans de nombreuses organisations. Cependant, il n’est pas facile de distinguer l’influence de la formation en tant que facteur le plus important pour la rotation du personnel. D’autres facteurs peuvent inclure la satisfaction professionnelle, les conditions de travail et les heures travaillées, le salaire et les possibilités de progression, qui peuvent tous jouer un rôle important dans le secteur de la conservation.
Les types de compétences renforcées peuvent également avoir de l’importance : alors que l’amélioration de certaines compétences augmentera les perspectives du personnel formé dans son emploi actuel, d’autres augmenteront ses chances de postuler avec succès sur le marché du travail au sens large. Il est également important de faire une distinction entre ceux qui quittent leur organisation mais continuent à travailler dans le domaine de la conservation (ce qui signifie que le secteur de la conservation pourrait encore bénéficier de l’amélioration des compétences) et ceux qui quittent complètement le secteur de la conservation.
Nos messages à retenir
Ces dernières années, un nombre considérable d’initiatives de formation différentes ont été menées par les partenaires MAVA, allant de la gestion ou de la conservation des écosystèmes et de la biodiversité au suivi, à la communication, à la collecte de fonds et au leadership, pour un public varié comprenant des gestionnaires d’aires protégées, des ONG environnementales, des universitaires, des administrations gouvernementales, des jeunes professionnels et des communautés locales. L’impact de ces activités de renforcement des capacités sur les partenaires MAVA a été multidimensionnel, avec des progrès notables au niveau individuel, mais aussi au niveau organisationnel et contextuel.
On ne saurait trop insister sur l’importance d’identifier clairement les écarts de performance et les besoins en formation. Plus la formation offerte est adéquate (en termes de contenu et de qualité des formateurs), plus la probabilité que les personnes formées appliquent leurs nouvelles compétences dans leur pratique est élevée. Une question connexe qui est parfois négligée est la sélection du personnel compétent qui sera en mesure de faire le meilleur usage de la formation et d’appliquer les compétences là où elles sont nécessaires tout en restant au sein de leur organisation.
Il existe des outils de plus en plus pertinents et accessibles que les organisations de conservation peuvent utiliser pour concevoir de manière appropriée le contenu et évaluer l’efficacité et l’impact des interventions de formation et de renforcement des capacités.
L’une des principales leçons que nous avons tirées de notre parcours en philantrophie (Our Journey in Philantrophy) liée au renforcement des capacités est que l’investissement direct dans les individus et les organisations n’a pas seulement été une partie essentielle de notre rôle de donateur, très appréciée par nos partenaires, mais aussi quelque chose que nous considérons comme essentiel pour tous les donateurs dans le développement de solutions et la garantie d’un changement durable.
Le Conservation Learning Initiative propose un approche robuste pour étudier l’efficacité des stratégies de conservation. À terme, les résultats pourraient servir de référence pour la pratique et le financement de la conservation fondée sur des preuves.
Pour approfondir les idées clés sur le renforcement des capacités, regarder la vidéo du webinaire CLI.
Si vous êtes un donateur, nous vous encourageons vivement à contacter la Conservation Learning Initiative à l’adresse info@conservation-learning.org. Plus la base de données des subventions est importante, plus les questions posées seront pertinentes et plus les réponses seront solides !
Voici le lien pour contacter l’équipe de coordination de CLI afin d’être informé des futurs événements autour de l’initiative : https://conservation-learning.org/about-us#contact.