Francesca Antonelli
WWFComparé à ses jeunes années passées à Rome, Castel di Guido, en périphérie de la capitale italienne, semblait un petit paradis rural à Francesca Antonelli. La décision de ses parents de déménager alors qu’elle avait tout juste sept ans fut un choc – mais qui fut décisif pour son futur. Après avoir œuvré à la réintroduction des loutres dans le Parc national de Maiella à Abruzzo, fait des recherches sur les ours noirs aux Etats-Unis et obtenu un master en conservation et écologie à l’université de Sapienza à Rome, Francesca est devenue une ardente défenseure de la nature.
Il n’y avait que notre maison et la campagne autour. Je me sentais très seule et déprimée, me demandant ce que j’avais fait pour mériter une telle punition ! Mais tout ce temps passé seule dans la nature, à chasser des serpents, cueillir des fleurs et monter aux arbres a réveillé quelque chose en moi. Je suis devenue une fille de la campagne.
Un monde incroyable
Les écosystèmes d’eau douce n’ont jamais été sous pression comme aujourd’hui. Depuis 14 ans, Francesca dirige le programme Eau douce pour le Bassin méditerranéen du WWF – où elle forme la société civile, fait campagne contre les infrastructures hydroélectriques inappropriées, et encourage les aires protégées et la gestion intégrée avec le gouvernement et le secteur privé.
J’ai commencé à travailler comme mammalogiste, puis j’ai découvert le monde incroyable des écosystèmes d’eau douce méditerranéens. Leur faune et leur flore ont des stratégies de survie étonnantes. Il m’a fallu presque tout réapprendre, mais c’est la meilleure chose que j’ai faite dans ma carrière.
Le futur du bassin
Francesca a notamment axé son travail sur le bassin fluvial de Sebou, au Maroc. Cette région importante pour la culture de l’olive, du riz, du blé et des fruits, subit de fortes pressions sur ses ressources. Cependant, un travail technique de longue haleine avec l’organisme en charge du bassin a permis d’avoir un suivi écologique et une gestion stratégique basés sur une analyse coûts/bénéfices solide, qui sont essentiels pour les zones humides uniques de ce cours d’eau.
La première fois que nous nous sommes rencontrés à l’organisme de Sebou, la pièce était remplie de photos de barrages. Je ne savais pas si nous arriverions à trouver un terrain d’entente commun. Mais aujourd’hui, le bassin a été choisi pour une application test de la Directive cadre de l’eau de l’UE, en dehors de l’UE. Il est primordial de faire bouger les esprits au sein des gouvernements.
Faire tomber les mythes
Pour Francesca, le succès s’explique simplement : travailler ensemble et être humble, ne pas abandonner même lorsque la situation paraît mal partie, et mettre tout son cœur dans ce que l’on fait. Mettant en pratique ces enseignements dans une récente campagne contre un ensemble de barrages sur la Morača, au Montenegro, Francesca et son équipe ont réussi à faire tomber le mythe selon lequel l’hydroélectricité était de facto une source d’énergie verte. Aucun investisseur n’a soumissionné pour ce projet, et le gouvernement et les entreprises reconnaissent désormais l’importance d’impliquer la société civile dans la prise de décision.
Garantir la gestion intégrée des bassins fluviaux
Il est essentiel de réduire les menaces provenant de l’extraction de l’eau, de la construction et d’une mauvaise gestion pour obtenir une gestion intégrée des bassins fluviaux. Francesca et le WWF jouent un rôle central depuis longtemps dans la mission de la MAVA, grâce entre autres à la lutte contre les grands barrages, la promotion des zones d’exclusion, l’amélioration des évaluations d’impact et le changement de mentalité des gouvernements et des investisseurs. Découvrez davantage sur le plan d’action de la MAVA dans ce domaine.