Eva Hernández
WWFAbritant des marais, des broussailles, des dunes et des plages, Coto Doñana est une vaste zone humide estuarienne dans le bassin fluvial de Gudalaquivir, en Andalousie. Abritant des millions d’oiseaux, refuge du lynx ibérique classé En danger critique, c’est un site emblématique de la MAVA.
Eva Hernandez a dirigé le Programme sur l’eau douce du WWF en Espagne et connaît donc intimement le parc – c’est d’ailleurs là que sa vocation concernant les zones humides a commencé.
J’ai grandi à Madrid mais la famille de mon père habite près de Doñana, et je m’y rends depuis que je suis toute petite. J’adorais regarder les oiseaux, les libellules, les grenouilles – et c’est là que j’ai fait mes premiers pas sur le chemin de la conservation. Et avec le WWF, c’est devenu une partie très importante de ma vie – c’est presque mon bébé !
Se battre pour des cours d'eau vivants
Déclaré Parc national en 1969 et Site du Patrimoine mondial en 1994, Doñana reste menacé par le développement, le tourisme et l’agriculture. L’énorme demande en eau du ‘verger de l’Europe’, notamment pour la culture des fraises, a un impact sur les cours d’eau et les zones humides.
« Des cours d’eau en bonne santé et vivants sont comme un cœur qui bat, mais l’eau n’est pas une ressource infinie, et la technologie et l’ingénierie ne peuvent réparer un cœur cassé… »
Travaillant avec des agriculteurs locaux et des chaînes de supermarchés, l’équipe d’Eva a permis de concilier les différents besoins, en mettant en place un plan d’utilisation des terres qui définit un modèle de développement moins tributaire des ressources en eau et permet de créer de nouvelles opportunités commerciales en faveur de méthodes d’irrigation novatrices.
Notre plus gros défi est de changer les mentalités. Nous avons montré ce qui peut être fait différemment, mais le succès reste fragile.
Sans même parler de Doñana, la Directive-cadre sur l’eau de l’UE propose une bonne approche pour améliorer la gestion de l’eau, notamment en luttant contre plus d’un demi-million de puits illégaux en Espagne, mais sa mise en œuvre est inégale et la Directive est actuellement en révision à Bruxelles.
« L’eau est un bien public mais nous devons la valoriser correctement. Nous devons attribuer un prix à l’eau qui reflète sa rareté, et les utilisateurs doivent payer selon leur utilisation et leur impact – ce qui était encore impensable il y a 15 ans, mais nous cherchons à changer le discours public. »
Ecouter attentivement
Eva occupe désormais un nouveau rôle pan-européen avec le WWF, en tant que coordinatrice de l’Initiative pour des cours d’eau vivants en Europe – un défi qu’elle se sent prête à relever, ayant contribué en tant que participante senior et mentor à la MAVA Leaders for Nature Academy.
« Cette expérience a été une énorme leçon en termes d’intelligence émotionnelle, et m’a fait me regarder dans la glace et me poser un grand nombre de questions. Face à tous les défis qui nous attendent, nous devons réinventer la conservation – mais pour cela, nous devons nous réinventer et écouter attentivement les autres acteurs, notamment ceux en-dehors du domaine de la conservation. »
Cliquez ici pour en savoir plus et découvrir de quelle manière Eva et le WWF participent à la réalisation du Plan d’action de la MAVA Garantir une gestion intégrée des bassins fluviaux.