Par Cecilia Gas, stagiaire, Fondation MAVA

La conservation de la biodiversité ne connaît pas de frontières. Les espèces et les habitats ne sont pas confinés à un seul pays ou à une seule zone, et sont confrontés à des menaces communes aux quatre coins du globe. Trouver des solutions communes et coordonner des actions entre les différents acteurs est indispensable pour trouver des solutions durables à long terme.

Trouver des solutions communes pour relever les défis de la conservation n’est pas une tâche aisée. Les pays et les ONG travaillent en général au sein de leur territoire, ou dans une zone spécifique, et ne considèrent pas, la plupart du temps, la question au sens large ou à un niveau transfrontalier. Des différences de capacités au sein des ONG, des différences de législations et d’opinions politiques, ou des tensions entre pays peuvent expliquer cet état de fait. Toutefois, malgré ces difficultés, la MAVA soutient de plus en plus d’activités au niveau régional, afin de lutter contre les menaces communes.

Vous vous demandez peut-être : quel est notre secret ?

La réponse se trouve dans les réseaux. Les réseaux s’avèrent être une excellente option pour renforcer les capacités de la société civile afin qu’elle s’engage dans des projets coordonnés au niveau régional. Au cours des dix dernières années, la MAVA s’est activement engagée avec les réseaux existants, et a encouragé la création de nouveaux réseaux dans la région méditerranéenne et en Afrique de l’Ouest, en se focalisant sur le renforcement de leurs capacités. Les avantages sont multiples et présentent un grand potentiel pour accomplir un travail transfrontalier, même si dans la pratique ils peuvent être très difficiles à gérer.

Avantages des réseaux

Les réseaux unissent les humains

Les réseaux permettent aux personnes de se rencontrent et de se réunir pour discuter d’un sujet, que ce soit la protection des zones humides ou côtières, la préservation des oiseaux, ou la santé de nos ressources hydriques – qui ne sont pas inépuisables. Lorsque ces personnes se rencontrent, elles partagent des idées et des bonnes pratiques, créent des alliances, et mobilisent l’attention sur certains sujets. Cela créé un esprit de communauté qui, idéalement, permet une mise en œuvre des projets plus efficace, basée sur les enseignements acquis lors des réunions.

Un meilleur impact grâce à des efforts coordonnés

Outre une mise en œuvre des projets améliorée, les réseaux peuvent également permettre la coordination des efforts autour d’un objectif spécifique. C’est ce qui s’est passé avec MedPAN pour la gestion des aires marines protégées dans la région méditerranéenne, avec Rios Livres pour la protection des cours d’eau au Portugal, ou avec Conservation Finance Alliance (CFA) pour encourager le financement durable de la conservation de la biodiversité. Dans ces cas, les efforts de coordination ont eu des résultats prometteurs, rassemblant l’expertise de différents groupes, spécialistes et organisations gouvernementales vers un objectif commun.

Aspects à prendre en compte pour garantir le succès des réseaux

Établir des objectifs clairs

Souvent, les réseaux veulent apporter une solution à de trop nombreux objectifs : cela augmente leur coût et réduit leur efficacité. Sans une mission et une vision claires, les réseaux ont tendance à ne pas avoir de cap et à augmenter leur nombre d’objectifs. Avoir des objectifs ciblés et orientés sur les résultats peut aider à résoudre ce type de problème.

Renforcer la coordination

Les actions doivent être coordonnées par une unité centrale solide. En théorie, les réseaux peuvent prendre des décisions et se mettre d’accord sur la réalisation des activités lors de leurs réunions, mais dans la pratique une unité de coordination est souvent nécessaire pour recevoir et partager les informations entre les réunions, suivre la mise en œuvre et les progrès réalisés, et équilibrer les intérêts entre les partenaires du réseau.

Le manque de ressources humaines et financières pour coordonner l’activité d’un réseau peut entraver sa performance ; souvent, son financement est d’ailleurs dur à obtenir. Le financement à destination de la conservation de la biodiversité est en général attribué à des projets spécifiques, sans aucun budget affecté à leur administration. Cependant, sans coordination, il est probable que le réseau aura des résultats limités. Soutenir un secrétariat de petite taille et flexible peut s’avérer essentiel pour garantir le succès tout en maîtrisant les coûts.

Il est important de ne pas confondre le renforcement d’une unité de coordination avec la prise de pouvoir au sein du réseau. Plutôt que d’assumer une position dominante, le principal objectif de cette unité doit être de faciliter le fonctionnement du réseau et de répondre à ses besoins.

Un suivi étroit des activités

Les réseaux dépendent de plusieurs acteurs pour atteindre leurs objectifs. Pour garantir la qualité de l’action du réseau, il est essentiel de mettre en place un suivi étroit des projets et des partenaires sur le terrain, et de renforcer les capacités par l’apprentissage pratique. Cela est particulièrement le cas pour les membres les plus fragiles du réseau, par exemple les petites et les nouvelles ONG, pour lesquelles un accompagnement étroit peut faire la différence et être déterminant pour leur succès.

Faire fonctionner des réseaux de la sorte demande beaucoup d’efforts mais, en cas de succès, cela aboutit à des résultats considérables qui auraient été impossibles à obtenir sans le soutien et l’expertise des différents acteurs. Du point de vue du bailleur, travailler avec des réseaux apporte donc des avantages notables lorsque les points mentionnés sont pris en compte.