Par  Paule Gros, Directrice, Programme Bassin méditerrannéen, Fondation MAVA

Face aux pressions croissantes qui pèsent sur les ressources naturelles et la biodiversité, la communauté de la conservation réagit avec force, ingéniosité et efficacité. La réussite de nombreux projets est là pour le prouver. Nos réalisations, aussi remarquables qu’elles puissent être, sont cependant en-deçà du seuil nécessaire qui permettrait une utilisation durable des ressources et offrirait une biodiversité florissante. Quel est donc le secret pour adresser les problèmes de conservation à l’échelle requise ?

Lorsque nous avons commencé à rédiger la Stratégie 2016-2022 de la MAVA, nous étions déterminés à y inclure la question de l’échelle requise pour pouvoir adresser les problème de conservation dans nos trois régions focales – la Méditerranée, la zone côtière d’Afrique de l’Ouest et la Suisse –  ainsi que dans le cadre de notre Programme Économie durable. Nous avons procédé à un examen interne afin d’étudier nos valeurs et notre histoire, et trois principes sont apparus pour nous orienter : démontrer, fédérer, inspirer.

Suivant les pas de notre fondateur, nous avons décidé d’ancrer notre action en démontrant clairement quelles solutions peuvent être mises en œuvre sur le terrain. En conséquence, chacun de nos Plans d’action cherche à résoudre de manière concrète les problèmes existant dans certaines régions pilotes. Dans chacun des sites sélectionnés, nous montrons que des solutions peuvent être conçues pour réduire les menaces qui pèsent sur la biodiversité et les ressources naturelles, tout en améliorant les moyens d’existence locaux et en encourageant les actions locales. Pour démontrer par exemple qu’en soutenant les pratiques culturelles qui sont exercées dans les paysages riches en biodiversité, il est possible de fournir des avantages économiques significatifs aux communautés locales tout en préservant les ressources naturelles, nous axons notre action sur les dehesas (Espagne et Portugal), l’île de Lemnos (Grèce) et les paysages montagneux du Haut-Atlas (Maroc) et de Shouf (Liban). Une démonstration positive sur ces quatre sites où nous sommes fermement ancrés sur le terrain serait un succès de plus pour la conservation. Néanmoins, cela ne résoudra pas le problème de l’appauvrissement des paysages culturels autour de la Méditerranée, au vu de la taille et de la complexité de la région.

C’est là que notre deuxième principe directeur entre en jeu : fédérer les parties prenantes du secteur de la conservation et au-delà, qui peuvent faire une différence au niveau régional. Nous pensons que pour avoir un impact régional, il faut l’engagement coordonné des principaux acteurs régionaux. Nous avons donc invité les acteurs régionaux à élaborer ensemble notre Plan d’action destiné à préserver les paysages culturels riches en biodiversité. La création conjointe d’un plan d’action commun pour les paysages culturels renforce la réflexion, mais également l’impact au-delà du niveau du site pilote. Cette approche permet d’inclure des mécanismes régionaux comme l’influence politique régionale, la réplication des solutions d’une côte du bassin méditerranéen à une autre, et la communication régionale.

Nous pensons avoir mis en place une flexibilité dans notre processus, en démontrant qu’il existe des solutions efficaces face aux défis de la conservation et en renforçant un réseau solide de professionnels dans la région. Notre prochaine ambition est d’inspirer les autres, dans le secteur de la conservation et au-delà, afin de nous aider à amplifier notre action et à assurer réellement la conservation au niveau régional. Pendant nos quatre dernières années d’existence, nous établirons un dialogue avec les organisations de la conservation, les donateurs, les organismes institutionnels et les entrepreneurs cherchant à créer un impact, afin qu’ils joignent leurs forces aux nôtres et que chacun tire parti de l’impact de l’autre : en nous rassemblant, les pieds sur la terre et la tête dans les nuages, nous atteindrons des sommets. Si vous êtes intéressé par ce processus et avez envie d’échanger à ce sujet, n’hésitez pas à me contacter.